|
|
||
|
108 [i574] -TOUR-fAX
gereux, et lui avoit offense le cerveau en la procession des battus,.où il s'estoit trouvé en grande dévotion, le crucifix à la main, Ies piez à moitié nuds, et la teste peu couverte, qui est le poison qu'on a voulu depuis faire accroire lui avbir eté donné.
Le jour de sa mort et la nuit suivante, s'éleva en Avignon, à Paris, et quasi par toute la France, un vent si impetueux, que de memoire d'homme il n'en avoit eté ouy un tel. Les catholiques lorrains disoient que la véhémence de cet orage portoit indice du couroux de Dieu sur la France [d'un si bon, si grand et si sage prélat] ; et les huguenots, au contraire, que c'estoit le sabat des diables, qui s'assembloient pour le venir querir; qu'il faisoit bon mourir ce jour là, pour ce qu'ils etoient bien empeschez. Ils disoient encore que pendant sa maladie, quant on pensoit lui parler de Dieu, il n'avoit en la bouche que des vilainies, [et même ce vilain mot de f... ] ; dont l'archevesque de Reims, son neveu , le voyant tenir tel langage, avoit dit en se riant : « Je ne vois rien en mon oncle pour en désespérer ; » et qu'il avoit encor toutes ses paroles et actions naturelles. Ses partisans, au contraire, soutenoient qu'il avoit fait une fin tant belle que rien plus. La verité est que la maladie etoit au cerveau, et que jusqu'à la fin il ne savoit ce qu'il disoit et faisoit ; mourant en grand trouble et inquiétude d'esprit, invoquant même les diables sur ses derniers soupirs : chose épouventable, et toutefois témoignée de tous ceux qui lui assistoient.
En quoy s'est montrée apertement l'impudence du jesuite Auger, qui fit imprimer en ce tems un discours que j'ai veu sur la mort et derniers soupirs de ce prélat, lequel il faisoit parler comme un ange, lui qui etoit
|
||
|
|
||
|
Digitized by
|
||
|
|
||